La peur de se tromper tétanise. L’immobilisme plutôt que le risque de chute. Les Français sont particulièrement touchés par ce syndrome. A l’école, puis dans la carrière et la vie personnelle, l’erreur est vécue comme humiliation, défaite, chute, infamie. Ce comportement d’auto-flagellation est-il justifié ? Et si on repensait la valeur de l’erreur et le sens de la réussite ?
Catégorie: Le philosophoir des idées perspicaces
Thème: Réussir
Âge: 14-18ans
Niveau de langue: B1+
> Equipage "Philea" : le 20/12 à 11:00
8 séances, 1h/semaine du 1 novembre au 20 décembre 2024
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"Le succès, c’est aller d’échec en échec, sans perdre son enthousiasme", Winston Churchill
Combien d’inventions, combien d’œuvres sont nés de la bifurcation par rapport à la norme ! Combien de scientifiques et d’artistes se sont servis de l’erreur pour mieux définir leur place et apporter au mieux leur contribution au monde ! Arrêtons-nous notre cours à la performance un instant, le temps de déconstruire nos schémas mentaux et d’envisager l’échec, aussi amer soit-il, comme une chance.
- En juin 2022, lors de la 1ere session sur cette thématique, on a exploré ce que signifiait "réussir". Était-ce la reconnaissance sociale? L'accomplissement d'un challenge personnel? La conformité à une série d'étapes normées de la vie (avoir un job sécurisé, devenir propriétaire, "s'installer"...) ou au contraire l'accomplissement de sa singularité et le maintien de son équilibre personnel? On a souri en constatant que la perception du succès est souvent relative à notre culture. On a distingué la réussite vécue et la réussite perçue et on a aussi compris quels impacts avaient l'erreur et la résilience dans la réussite.
- Pour la deuxième session, en novembre-décembre 2024, allons plus loin en abordant la réussite sous l'angle de la chance. Quelle part y joue-t-elle ? "Au p'tit bonheur", dit-on quand on entreprend une action à tout hasard. Le terme allemand, "Glück", signifiant à la fois chance et bonheur, nous donnerait un indice. Et si le succès ne dépendait pas complètement que de nous?
Lors de ces séances, l'avocat du diable provocateur (c'est le déguisement classique de l'animateur de séquence) fait la part belle au libre arbitre et au déterminisme. Il traque aussi les confusions et raccourcis communs: avant toute chose, distinguons bien chance, faveur et opportunités.
As tu remarqué qu'il est facile de s'attribuer les mérites quand on réussit tant on a travaillé fort pour en arriver là, et de rejeter la faute sur la malchance et les circonstances défavorables quand on échoue, tant l'échec peut nous paraître injuste? Pourtant, il existe beaucoup de personnes méritantes qui n'atteignent pas le succès qu'ils pourraient escompter. Alors, qu'est-ce qui fait la différence entre ceux qui réussissent et les autres? Le talent suffit-il? Doit-on alors s'en remettre à la fatalité: la réussite est-elle d'abord une affaire de hasard heureux? Ou bien chercher plutôt dans quelle mesure on peut être tenus responsables de notre chance?
* En bonus, explorons la chance morale!
Si les participants sont partants et prêts à se lancer des expériences de pensée farfelues, nous pourrons aussi nous questionner sur le problème de la chance morale et de la chance légale. Ce pan assez récent du débat en philosophie morale qui nous invite à analyser les fondements de notre jugement moral et ceux des décisions légales.
Il parait juste de blâmer ou louer les actions d’une personne pour ce qui est seulement sous son contrôle. Après tout, il semble intuitif de n’être tenu responsable que de ce qu’on peut maîtriser et il paraîtrait injuste d’être jugé sur ce qui ne dépend pas de nous, non? Mais qu’en est-il réellement au quotidien? On peut aisément imaginer pourtant que l’impact positif ou négatif de l’action de cette personne orientera notre jugement moral spontané. Vérifions ensemble en atelier avec des séries mises en scène de scenarii. Imaginons par exemple une impro théâtrale pour laquelle on donne au départ des contraintes (circonstances, prise de risques, identité du personnage principal) similaires à deux groupes de joueurs. Scenarii similaires à une chose près: la chute, provoquée par le hasard! Le premier groupe devra imaginer une chute favorable pour laquelle le personnage chanceux sera récompensé, tandis que l’autre mettra en scène une chute aux conséquences déplorables pour laquelle le personnage infortuné sera puni.
Le troisième groupe de Philonautes, spectateur, juge, on compare, on en discute.
Alors?...Nos évaluations morales sont-elles influencées par le facteur “chance” dans le résultat d’une action (par ce que l’agent ne contrôle pas)? Et qu’en est-il des décisions de justice? Suivent-elles les mêmes principes? Pourquoi accepte-t-on que, face à deux individus blâmables au même titre pour leur prise de risque, la justice prenne en compte l’effet de la chance sur leur action, le hasard d’une bonne ou mauvaise conséquence, précisément ce sur quoi ils n’avaient aucun contrôle?
Si les résultats (bons ou mauvais) obtenus par une personne, son succès ou son accusation, sont en partie déterminés par une part de chance ou malchance hors de son contrôle, est-il juste de juger (en bien ou en mal) cette personne sur les résultats qu’elle a récoltés? Peut-on admettre qu’un individu soit blâmé plus lourdement pour la seule raison qu’il n’a pas eu de chance? Est-il souhaitable de blâmer le risque ou le pari (l’intention, en somme) que fait une personne, quel que soit le résultat qui en découle (chance ou malchance)? Mais est-ce possible de déterminer avec certitude son intention?
Activité Perséide associée: Seconde chance