Zygomatiques, prêts, partez!

Dis-moi de quoi tu ris, je te dirai qui tu es. Le rire nous ressemble-t-il ? Nous rassemble-t-il ou exclut-il? Et d’abord, de quel rire parle-t-on ? Il est un rire moqueur et condescendant, et un rire authentiquement joyeux et désintéressé. Alors que la langue grecque les distingue, le latin n'a qu'un mot pour désigner ce phénomène social: risus. Jouant des codes pour certains, exprimant une supériorité dans la hiérarchie dans la mise à distance de soi, régulant la conformité à la norme pour d’autres encore, le rire exprime ce que la parole ne peut rendre. Il est à la fois spontané et difficile à saisir, révélateur de tensions politiques et sociales et d’enjeux sérieux, et tout autant craint et relégué au second plan. 
Satire, caricature, blagues, humour noir, facéties … A la fois visuel et sonore, et très contagieux,  il se présente sous plusieurs formes et se décline en de multiples facettes selon les groupes sociaux et culturels. On ne rit pas des mêmes choses qu’autrefois ; ce qui « te plie en deux » ici laissera un autre de marbre là-bas. Tentons cependant de dresser la liste des traits communs déclenchant le rire. Quelles mécaniques se cachent derrière cette pratique et à quoi sert-elle ? Peut-on rire seul ou bien toujours « rire avec » ; n’existe-il qu’un « rire contre » , qu’« un rire de », au détriment d’un autre ? Et que se passe-t-il quand dans un groupe, on ne partage pas les mêmes références tacites, peut-on encore s’adonner au rire dans ces circonstances ? 
La réflexion sera nourrie par la démarche interprétative et par la mise à l’épreuve de nos hypothèses à travers des exercices adaptés d’improvisation théâtrale. Ils ne manqueront pas de susciter le rire dont nous analyserons les causes et les effets.